« Le bal »
Ma première rencontre avec le bal n’a pas été spontanée, c’était pour accompagner ma mère et surtout ma soeur qui participait à ses premiers bals du dimanche après-midi dans la salle du café du village « le Lion Bleu ». C’était une institution sur la place du village pour les bals du dimanche depuis la fin de guerre et également parce une scène d’un film y avait été tourné avec Alain Delon, sous la pluie, entretenue par les pompiers du village! Ma présence y fût rare heureusement même si l’ambiance me semblait ésotérique avec des vrais musiciens qui n’étaient pas de la fanfare, des lumières tamisées et colorées, des danseurs et des danseuses dans des chorégraphies ésotériques.Il ne faudrait pas oublier les chaises autour de la salle dont une partie d’entre-elles groupées étaient occupées par les mamans dans un coin stratégiques pour surveiller leurs filles!
La vraie dimension festive du bal arrive avec les vacances dans un village du bord de la Méditerranée durant les mois de juillet et particulièrement au moment du bal du 14, lorsque l’estrade se montait sur la place du village pour moi c’était comme l’arrivée du cirque dans le village de « Jour de Fête » de Jacques Tati! En faisant les courses ou en allant à la bibliothèque je surveillais l’avancée des travaux, je savais que nous passerions deux trois soirs festifs entre la fête du village les manèges , les terrasses de café avec une menthe à l’eau et les orchestres qui se succédaient sur scène. Le premier soir c’était un sacré moment d’émotion , nous descendions après le repas , la nuit s’avançait doucement et nous découvrions la place d’abord par le son, la musique et le bruit des discussions dans les bars et autour de la piste de danse et au tournant de la rue le frisson venait des éclairages avec les projecteurs aux lumières vivent et changeantes, les ampoules multicolores qui délimitaient l’espace de la scène surélevée et bien sûr, au centre la boule à facette qui renvoyait les éclats de lumière aux quatre coins de l’espace comme un astre! Grandiose! Les musiciens avec leurs habits de scène chamarrés et surtout les chanteuses et choristes, dans des habits lamés semblable à des boules à facette remuantes, renvoyaient les lumières chatoyantes! C’était une ambiance pré-psychédélique le tout dans un ciel étoilé…Je n’ai jamais revécu des 14 juillet avec une telle intensité… Jusqu’au jour où un appareil photo à la main j’ai retrouvé par hasard un peu de cette magie païenne!