• Frontières

Arborescence – Claire Georget

Papier coton, lin, chanvre

Arborescence, 3 m x 3 m, papier coton, lin, chanvre, janvier 2024.

J’ai travaillé sur cette frontière naturelle : l’eau.
Je me suis attardée sur l’hybridation de la Dure, une rivière d’Occitanie bordant le moulin à papier de Brousses et Villaret, là où j’ai réalisée ces trois projets sur cette thématique et également le Fleuve Maroni, une frontière entre le Suriname et la Guyane, un point important pour les esclaves en fuite.
L’eau est un élément important de ma pratique puisque je transforme la pulpe en papier pour créer.

Mon médium de création est le papier que je considère non plus comme un support mais en temps d’œuvre à part entière dans l’art contemporain. Le papier se suffit-il à lui-même ? Le papier peut-il faire œuvre ? Dans mon travail, je requestionne la corrélation entre art et nature à travers ma pratique de la création de projet artistique à partir de pâte à papier. Je m’ancre dans différents champs notamment au travers de l’installation, l’in situ, et la performance. La fabrication de papier artisanal étant au centre de ma pratique, le lien entre nature et création me semble couler de source : de l’arbre à la feuille de papier.

Je porte un soin particulier à utiliser des matériaux usagers que je recycle pour leurs donner une seconde vie, j’utilise des pigments naturels ou récupérés directement dans la masse de la pâte à papier et porte une attention particulière à l’environnement dans lequel je me trouve. Notre planète se dérègle, c’est un constat que nous faisons toutes et tous. Un rien peut tout faire basculer, c’est l’effet papillon. Mes projets visent à mettre en garde sur la fragilité de notre écosystème tout comme certaines de mes feuilles. Je tente donc de questionner le public sur ce qui me paraît primordial en abordant l’eau, la forêt, les pollinisateurs dans mes œuvres…
 
Je récolte moi-même des fleurs, du charbon, des boîtes à oeufs, de cartons, des cadres, des surfaces vitrés, des portes-fenêtres en fonction de ce que je croise sur mon chemin tel un chiffonnier des temps modernes. Comme les abeilles que l’on élève,
je vais chercher dans un périmètre proche de mon lieu de création, les matières qui composent mes projets. Mon atelier est un laboratoire de cuisine à ciel ouvert, je réinterprète des « recettes » et les ajuste au fils du temps, du matériel à ma disposition. Mes créations suivent un fil conducteur, mais laissent toujours place à l’expérimentation et au hasard qu’il implique. Mes tenues de travail reprennent les codes des uniformes utilisés par différents corps de métier. Il y a un engagement du corps, du mouvement dans le travail répétitif et le protocole de fabrication qui commence toujours par le fait de mixer la pâte à papier. La transmission et le partage sont également très présents dans ma manière d’aborder la création et le partage.